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LA PERSPECTIVE CAVALIÈRE

Chantal Perfetta, et la collaboration de Géraldine Holtzhauer

 

En géométrie dans l’espace l’objectif des programmes de collège et de lycée est d’apprendre à voir pour apprendre à calculer et à raisonner. Cela implique un large usage de maquettes, de patrons et de représentations. La représentation d’un objet de l’espace est toujours ambiguë puisque d’une part, une figure plane ne fournit en général pas l’intégralité des informations nécessaires à la description de l’objet lui-même, et que d’autre part, elle peut même induire en erreur ( un angle peut être droit sur une représentation alors qu’il ne l’est pas sur l’objet lui-même ).

Il existe plusieurs modes de représentation parfaitement codifiés et décrits par G. Audibert dans " la perspective cavalière " dont les principaux sont les vues du dessin industriel, les projections axonométriques, les perspectives cavalières, l’épure en géométrie descriptive, les perspectives coniques et les projections cotées.

Pour représenter les objets de l’espace au collège et au lycée on n’utilise pas celle des représentations qui certainement donne le mieux l’illusion du vrai, comme le fait une photographie, la perspective conique. On utilise la plus simple, la perspective cavalière qui représente un compromis entre l’illusion de la réalité, la facilité d’exécution et la conservation d’un certain nombre de propriétés mathématiques. Elle obéit à un certain nombre de règles que les professeurs doivent avoir présentes à l’esprit même si elles sont rarement explicitées. A cet égard les programmes sont extrêmement discrets : il apparaît que, si on doit s’assurer que les élèves ont une bonne pratique des règles permettant de faire de telles représentations tout exposé sur la perspective cavalière semble exclu.

Qu’est-ce qu’une perspective cavalière ?

Soit P un plan et D une droite qui n’est ni parallèle ni perpendiculaire à ce plan. On appelle perspective cavalière la projection sur P parallèlement à D . La représentation cavalière d’un objet est donc son image par cette projection. Des propriétés de cette projection on déduit les relations qui existent entre les éléments caractéristiques de l’objet lui-même et ceux de sa représentation. Ainsi :

Ces propriétés peuvent être mises en évidence en utilisant le lien qui existe entre représentation cavalière d’un objet et ombre sur un plan d’un objet éclairé par le soleil.

 

Il est délicat de schématiser cette définition de la perspective cavalière puisqu’on est alors amené, comme dans le dessin ci-dessous, à représenter l’objet dont on veut donner une représentation cavalière, en utilisant ….une perspective cavalière. Ainsi abcdefgh apparaît comme représentation cavalière du cube ABCDEFGH, qui est lui-même représenté ici à l’aide d’une perspective cavalière.

 

Règles de dessin en perspective cavalière

L’angle de fuite et le coefficient de réduction de la perspective cavalière dépendent de la direction de D , direction de projection, par rapport à P, plan de projection. Nous verrons plus loin de quelle manière.

Remarques :

 

Que représentent le coefficient de " réduction " et l’angle de fuite d’une perspective cavalière ?

 

La perspective cavalière est totalement déterminée par la représentation perspective d’un vecteur de norme 1 orthogonal au plan de projection. On considère le

repère orthonormal Oxyz de base () ci-dessous.

On pose , et . On suppose que le plan Oxy est le plan de projection. On appelle A’ la projection du point A sur Oxy. La droite (AA’) donne donc la direction de la projection. La droite (OA) se transforme en (OA’) par cette projection. Par conséquent l’angle de fuite j est l’angle (). Par ailleurs le triangle OAA’ est rectangle en O. On a tan () =. Donc OA’= tan() x OA. Si on nomme l le coefficient de réduction on a l = tan (). Comme ici OA = 1 on a l = OA’.

En conclusion : l est la tangente de l’angle que forme D avec une perpendiculaire au plan de projection.

j est l’angle que fait avec l’horizontale du plan de projection, le plan défini par D et une perpendiculaire au plan de projection.

Influence de l’angle de fuite et du coefficient de réduction sur la représentation cavalière

Les quatre figures suivantes sont des représentations cavalières du même cube.

On constate que dans le cas où l = 1,5 et j = 20° (ce que l’on appelle PC (1,5 ; 20°)) on obtient un effet d’étirement choquant pour l’œil. On a du mal à admettre qu’il s’agit là de la représentation d’un cube. C’est pour cela que dans la pratique on prend l < 1 ( ce qui suppose une obliquité de D inférieure à 45°). Si l < 0,5 on obtient un effet de raccourci qui, s’il est moins choquant pour l’œil, nuit à la lisibilité de la figure. Dans la pratique on prend l dans l’intervalle [ 0,5 ; 0,8 ] et j dans [30 ;60]. Les choix les plus fréquents sont les perspectives PC(0,5 ; 60°) ; PC(0,5 ; 45°) ; PC(0,5 ; 30°) et PC( ; 45°).

L’Association Française de Normalisation (AFNOR) recommande comme seule perspective cavalière la PC(0,5 ; 45°). L’inconvénient de cette perspective est qu’elle donne aux fuyantes la même direction que celle d’une diagonale de la face avant du cube lorsque cette dernière est parallèle au plan de projection.

Il est commode d’utiliser la perspective PC(0,5 ; 90°) lorsqu’on veut représenter des corps ronds. (voir plus loin )

Influence de la position de l’objet sur la représentation

Deux représentations d’un même cube :

Les élèves reconnaissent plus facilement un cube dans la première des deux représentations. C’est pourquoi, si l’objectif est de faire la représentation du cube qui donne le mieux l’illusion de la réalité, cette représentation (la première) sera privilégiée.

 

Représentations cavalières des corps ronds

1er cas : si la direction de la projection est parallèle au plan du cercle, le cercle est alors représenté par un segment. Dans ce cas un cylindre est représenté par un parallélogramme et un cône par un triangle.

2ième cas : si le plan de projection est parallèle au plan du cercle, le cercle est alors représenté en vraie grandeur. Dans ce cas les deux bases d’un cylindre sont représentées par des cercles en vraie grandeur. Il en est de même pour la base d’un cône.

3ième cas : dans les autres cas la représentation cavalière d’un cercle est une ellipse.

 

1er exemple de représentation : PC (,90°)

2ième exemple de représentation : PC (, ) ; (90°)

La difficulté du tracé d’une représentation d’un corps rond réside dans le dessin des ellipses. Le pochoir trace-ellipse est un instrument permettant de reproduire des ellipses.

Toute représentation cavalière d’une sphère est une ellipse puisque c’est la section d’un cylindre de révolution, circonscrit à la sphère et d’axe parallèle à la direction de projection, avec le plan de projection (qui est oblique par rapport à cet axe).

La représentation ci-dessous ( G. Audibert : La perspective cavalière ) est une représentation d’une sphère dans une PC (0,5 ; 60). P et P’ sont les deux pôles, est le contour apparent, le cercle représente le méridien situé dans un plan parallèle au plan de projection, e représente l’équateur et les autres ellipses sont les représentations cavalières de quatre parallèles.

Or lorsqu’on regarde une sphère, on la perçoit comme ayant un contour circulaire. Encore une fois la perspective cavalière donne une représentation loin de la réalité. C’est pour cela que, très souvent, on " triche " et on représente une sphère avec un contour apparent circulaire.

Complément : éléments de construction d’une représentation d’un cube sur les faces desquels des cercles sont inscrits. Cette construction repose sur l’utilisation d’affinités permettant de transformer un cercle en une ellipse.

Les figures ci-dessous sont extraites de " La perspective cavalière " ( G.Audibert)

 

Biliographie :

Audibert G., La perspective cavalière, APMEP Paris 1990

Rousselet M., " Enseigner la perspective cavalière au collège ",Bulletin APMEP n° 406

Bonafé F., "  La représentation en perspective cavalière ", Bulletin APMEP n° 363

Legrand P. (coordonné par), Profession Enseignant. Les maths en collège et en lycée,Hachette Education

Repères IREM N° 33, "  Enseigner la géométrie dans l’espace "

Repères IREM N° 4, "  La représentation des corps ronds "